Selon l’éditorialiste de Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, l’accord conclu à Moscou au sujet d’Idlib entre les présidents russe et turc n’a apporté qu’un cessez-le-feu fragile sur le terrain. La sortie de crise pour le président Erdogan sera donc provisoire face à la détermination de l’armée syrienne pour libérer entièrement la ville d’Idlib.
Le président Erdogan a admis que des « centaines » de soldats de l’armée turque avaient été tués à Idlib suite aux attaques de l’armée syrienne. Les déclarations du président turc sont donc en contradiction avec les propos de son ministre de la Défense et des porte-paroles militaires qui ont voulu minimiser le nombre des pertes en vie humaine de leur armée, afin de calmer la colère grandissante de la population turque.
Après sa rencontre avec le président russe à Moscou, M. Erdogan a déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient dans l’avion du retour à Ankara que les militaires turcs étaient confrontés à Idlib au « régime syrien » et non pas à la Russie. Mais Abdel Bari Atwan rappelle que 34 soldats de l’armée turque ont été tués dans des frappes aériennes russes dans la banlieue d’Idlib et que Moscou l’a confirmé en soulignant que « ces soldats turcs se trouvaient aux côtés d’éléments appartenant à des groupes terroristes ».
L’éditorialiste du journal Rai al-Youm ajoute que l’accord conclu à Moscou entre les présidents russe et turc comptait plusieurs points contraignants pour la partie turque dont la plupart étaient d’ailleurs mentionnés déjà dans l’accord de Sotchi :
1-La Turquie s’engage à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Syrie ;
2-La Turquie et la Russie sont déterminées à lutter contre le terrorisme et toutes les organisations (dont le Front al-Nosra) que le Conseil de sécurité de l’ONU a qualifiées de terroristes ;
3-Moscou et Ankara ont convenu que la menace contre la sécurité des Syriens et de leurs infrastructures ne peut être justifiée et sous aucun prétexte ;
4-La Turquie et la Russie affirment qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit syrien qui ne peut être réglé que par un processus politique dirigé et mis en œuvre par les Syriens eux-mêmes avec le soutien de l’ONU.
5-Toutes les hostilités doivent être arrêtées le long de la ligne de contact à Idlib pour réduire l’escalade.
D’après Abdel Bari Atwan, un examen rapide de ces points conduit à cette conclusion qu’il n’y a aucune indication ni allusion sur un retrait des forces de l’armée syrienne des villes et des villages qu’elle contrôle aux alentours de la ville d’Idlib, et ce en parfaite contradiction avec les exigences initiales du président Recep Tayyip Erdogan.
Selon Atwan, cet accord avec la Russie n’est donc qu’une sortie provisoire pour le président turc, car l’accord conclu à Moscou n’a apporté aucune solution ni aux différends qui ont fait éclater les affrontements militaires sur le terrain ni à la question d’un million de réfugiés qui ont quitté la province d’Idlib et se sont campés devant la frontière turque.
En conclusion, l’éditorialiste de Rai al-Youm estime que face à la détermination de l’armée syrienne pour libérer entièrement la ville d’Idlib, l’accord turco-russe conclu à Moscou ne pourra pas durer longtemps. Il croit que le cessez-le-feu est particulièrement fragile et ne sera, au bout de compte qu’une pose pour que l’armée syrienne se prépare pour sa prochaine opération à Idlib.